Québec en 1639.

Par Pierre Dubeau, Comité Champlain

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Aquarelle de l’artiste Jaquelina Murillo, intitulée: « Québec en 1639 ».  Collection privée de Pierre Dubeau, 2019. Légende ajoutée par l’auteur de ce texte.

Introduction

On ne retrouve aucune carte de Québec de 1639. La première carte est celle de Jean Bourdon exécutée en 1660. Cependant, c’est en analysant la documentation qu’il est possible d’émettre une hypothèse d’un plan de Québec en 1639 (voir Annexe A). Il faut remercier l’apport d’Honorius Provost à l’avancement des connaissances touchant la Censive Notre-Dame de Québec et la Réserve de Monsieur d’Ailleboust en 1649. On retrouve une excellente historiographie du développement de la Ville naissante entre 1633 et 1673 dans le rapport de Françoise Niellon. On retrouve également une historiographie du développement urbain faite par le Groupe de Recherche en histoire du Québec, en 1998. Il faut ajouter à cela l’étude de Georges Gauthier-Larouche sur l’église pionnière de Québec, parue en 2014. On retrouve une bonne documentation sur l’arrivée des Ursulines et des Augustines, aux archives nationales du Québec ainsi que dans les écrits de sœur Jucherau et Dom Guy-Marie Oury. On retrouve également des informations à partir de la maquette de Michel Bergeron que l’on peut voir au centre d’interprétation de la Place-Royale. Les travaux de Marcel Trudel sur le terrier de 1663 est également d’un grand secours.  La localisation de la chapelle Champlain serait plus précise aujourd’hui suite aux travaux de l’archéologue Carl Lavoie. Finalement, Je voudrais souligner le soutien à la recherche, Mona Andrée Rainville et Sandrina Henneghien. Cette gravure ne prétend pas être d’une précision absolue, ce n’est pas son objectif. Il s’agit ici de localiser approximativement les premières bâtisses qui ont marqué l’histoire de la ville naissante et de lancer la discussion.

Maison des Cent-Associés et logis des Augustines.

maisonJuchereau

Source: Bernatchez, G. (1989). Soulager le corps et sauver l’âme : les Augustines de Québec (1639-1989). Cap-aux-Diamants, 4 (4), 41–43

Le rapport Niellon mentionne : « Les Cent-Associés avaient fait bâtir une maison sur leurs terres du cap. Celle-ci, selon M. Trudel, avait été construite pour tenir lieu, (croyons-nous) de maison seigneuriale et d’édifice administratif; elle était de pierre et comprenait une chapelle à l’étage. Le commissaire général de la Compagnie, F. Derré de Gand, y réside. Les données de ce bâtiment sont fort rares. Elles le seraient moins si l’on admettait qu’il s’agit du futur Palais de Sénéchaussée, siège de la Justice seigneuriale. Il serait logique que ce tribunal, constitué en 1651 par le Gouverneur Lauzon, ait été logé dans la maison de la Compagnie seigneuresse mais nous n’en avons pas la preuve. » (Niellon et al. 1990, p. 7).  Quant à Gustave Lanctôt, il mentionnait: « Adjoignant le fort, la Place d’Armes bordait la spacieuse maison de la Compagnie de la Nouvelle-France, où siégeaient le conseil du pays et la cour de la sénéchaussée ». (Lanctôt: 1958: 517) ».

Plus récemment, Georges Gauthier Larouche résout cette énigme et affirme que cette maison était près de la rue Desjardins et qu’il y avait une rampe ou un pont reliant le jardin des Augustines à la maison des cent-Associés (Gauthier-Larouche, 2014: 91). Il faut souligner qu’à leur arrivée à Québec, le 1er août 1639, les hospitalières se virent offrir pour logement la propre maison des Cent-Associés, terminée depuis peu et située en face du fort Saint-Louis (Vachon, Ramas : 45).

Après une célébration on entonne le Te Deum à l’église Notre-Dame de Recouvrance, qu’elles trouvent d’ailleurs fort jolie. Le gouverneur les dirige vers la maison des Cent-Associés en attendant la construction de leur hôpital.  Sœur Juchereau décrit la condition précaire des lieux:

… « pour lors il (le Gouverneur) commença par nous faire prêter une assez belle maison toute neuve qui appartenoit à Messieurs de la Compagnie; on y nous mena de bonne heure, & nous trouvâmes quatre belles chambres & deux cabinets, mais pour tout meubles il n’y avoit qu’une espéce de table, ou plutôt un bout de plance soutenu par quatre bâton & estimions-nous cela beaucoup. »  (Juchereau, 1751: 15)

Soulignons que les Augustines obtinrent dès le 16 août 1637 leur concession de la Compagnie de la Nouvelle-France en faveur de madame de Combalet, duchesse d’Éguillon (Aiguillon).  Dès 1637, quelques ouvriers sont chargés de défricher la concession. L’année suivante, le 12 août 1638, ceux-ci avaient commencé à construire le futur hôpital. (Oury, 1973 Tome 18: 309)

Quant à la localisation de la maison des Cent-Associés, Gauthier-Larouche cite un passage du journal des Jésuites, publié par les abbés Laverdière et Casgrain:

« Il y avait en outre deux grandes chaudières fournies du magasin pleines de feu pour eschauffer la chapelle; elles furent allumées auparavant sur le pont (p. 21) … Lors de la procession à la fête du Saint-Sacrement, on sonna à la paroisse en passant soubs arcade du pont, qui étoit tapissée (p. 49 ».

Laverdière et Casgrain, concluaient en ces termes:

« La référence qui permet de situer précisément la maison (des Cents-Associés) et le pont est celle concernant les soldats qui, le jour de l’An 1650, vont saluer les pères jésuites, dont la résidence se trouvait à l’ouest du ruisseau qui dévalait la pente du terrain vers les terres de l’Hôtel-Dieu. On déduit, par le fait que leur salutation a été faite au bout du pont, que la maison-chapelle des Cent-Associés se dressait à l’intersection des actuelles rues Sainte-Anne et des Jardins, sur le terrain de l’église anglicane, à l’ouest de ce terrain… » (Laverdière, C.-H., 1871: 21)

En 1640, les Augustines devaient quitter la maison des Cent-Associés car suite à l’incendie de Notre-Dame de Recouvrance et du presbytère, les jésuites logeront dorénavant à cet endroit.  La maison-hôpital des Cents-Associés devient donc la maison-chapelle des Cent-Associés en attendant la fin de construction de la nouvelle église en 1657. Elles déménagent précipitamment d’abord, près de Sillery, dans la maison de Pierre de Puiseaux (vers 1566-1647), seigneur de Montrénault, au bord de la grève à Sillery (Casgrain: 1878: 103).  Les fondateurs de Montréal s’y logeront à l’automne 1641. Par la suite à l’hiver 1644-1645 pour plus de sécurité, à Québec dans la maison construite en 1638, mais agrandie à l’intérieur des murs.

Maison d’Hélène Desportes

Hélène Desportes, filleule d’Hélène Boullé, épouse en 1634 Guillaume Hébert. Dans son contrat de mariage devant le notaire Piraube, le 27 décembre 1639, elle déclare apporter à la communauté la « jouissance d’une maison proche de l’église Notre-Dame-de-Recouvrance (Provost, 1954, p. 13). Cette donation de Samuel Champlain sera officialisée le 4 septembre 1640 dans la concession à Noël Morin pour sa femme. (Niellon et al. Document 6). Un peu plus tard, la Fabrique s’intéresse à cette bâtisse pour y loger un presbytère, mais ce projet ne se réalisera jamais (Provost, 1954, p. 14).  Un peu avant, soit le 9 septembre 1648, le Conseil de Québec demande une estimation de la maison de Noël Morin par Michel Leneuf et Jean Guyon. Martin Boutet, homme de confiance de la Fabrique, veille à son entretien et baille cette maison à Anne Gasnier le 24 septembre 1649 (Niellon et al. 1990, Document 13). Dans ce texte on identifie également, une place de jardin probablement devant l’église Notre-Dame de Recouvrance.  Un peu plus tard, soit le 28 avril 1653, Boutet louera cette maison à Jean Boudon pour quatre mois, soit jusqu’au 31 août suivant (Gauthier-Larouche, 2014: 106). Enfin, le 15 mai 1650, la Compagnie des Cent-Associés concède un emplacement à Martin Boutet. Sur cet emplacement se trouvaient deux maisons, l’une en bois, autrefois la propriété de Noel Morin et Hélène Desportes et une autre en maçonnerie ayant été bâtie par Boutet en 1649 (Provost, 1954, p. 20). On peut localiser alors la maison d’Hélène Desportes approximativement au coin des rues Sainte-Anne et du Trésor.

Logis de Jean Poisson, père, valet de Samuel de Champlain.

Arrivé vers 1634, Jean Poisson est le valet de Champlain. Ce dernier lui lègue des vêtements.  Pour plus d’informations sur ce Jean Poisson, voir ce lien.

https://pierredubeaublog.wordpress.com/2019/02/01/jean-poisson-valet-de-champlain/

Il est plausible de croire que ce dernier demeurait près de la maison de Champlain, donnée à Hélène Desportes en 1634 lors de son mariage avec Guillaume Hébert.  On a une bonne idée de la localisation de cette maison car en 1649, son fils Jean était voisin de Martin Boutet, ce dernier s’étant porté acquéreur de la maison du couple Noël Morin et Hélène Desportes qui devait servir de presbytère.

Église Notre-Dame-de-Recouvrance

Elle est construite par et aux frais de la Compagnie des Cent-Associés en 1633 telle que mentionnée dans le catalogue des bienfaiteurs de Notre-Dame-de-Recouvrance). Elle est d’abord une chapelle votive rappelant le retour du Canada à la France après l’occupation anglaise entre 1629 et 1632. En 1636, cette chapelle devient une église paroissiale suite à son agrandissement de moitié ou environ (Niellon, 1990, p. 6). On y aurait érigé alors la chapelle Champlain tout près (Niellon et al. 1990, Document 1). En juin 1640, cette église ainsi que la chapelle Champlain et la résidence des Jésuites sont détruits par un incendie. La maison des Cent-Associés sert alors d’église paroissiale jusqu’en 1657, lorsque sera terminée l’église Notre-Dame de la Paix. Cependant on y célèbre la messe de minuit en 1650.

En 1869, Charles-Honoré Laverdière prétend avoir découvert Notre-Dame-de-Recouvrance près du cœur de la basilique actuelle. L’orientation des vestiges laissent croire qu’ils seraient plutôt associés à un corridor reliant la basilique et le séminaire (Dumas, 1958, p. 42). Dumas affirme que l’église Notre-Dame-de-Recouvrance était située sur le terrain plus tard par le Gouverneur d’Ailleboust au sud de la rue Buade. Cette affirmation provient d’une lettre de Mme d’Ailleboust à Mgr de Laval touchant un terrain sur la Réserve d’Ailleboust où s’élevait autrefois leur résidence avant le feu de juin 1640 (Provost, 1947, p 181). La résidence des Jésuites occupait donc ce terrain et il est logique que l’église s’y trouvait également. (Dumas, 1958, p. 42). La fouille de Dumas dans l’îlot d’Ailleboust entre 1951 et 1957 laisse croire qu’il s’agirait bien de l’église Notre-Dame-de-Recouvrance étant donné la présence d’importantes traces de cendres et de carbonisation (Lavoie, 1999, p. 28).

Finalement l’église Notre-Dame-de-Recouvrance ne peut être associée à l’église Notre-Dame de la Paix selon le plan hypothétique de Pierre-Louis Morin (Gauthier, 1976, p.99). Ce plan a été considéré comme une création de l’auteur, localisant des bâtiments à titre d’hypothèse (Neillon et al., 1990, planche 10).

Logis de François Derré de Gand, commissaire général des Cent-Associés.

En 1637, Derré de Gand est très impliqué dans l’établissement de la mission des Jésuites à Sillery dont il est l’un des promoteurs avec Noël Brulart de Sillery. Sa tâche aux cent-Associés consiste à maintenir à jour le greffe des concessions faites par la compagnie. Au mois d’août 1639, il cède gratuitement ses droits de propriété aux Jésuites. Simultanément, suite à l’arrivée des Augustines, Derré de Gand doit quitter les lieux pour laisser place à la maison-hôpital des Cent-Associés (Casgrain: 1878: 80).  Ainsi il loge à Québec près de l’église Notre-Dame de Recouvrance.

L’historien J. Edmond Roy explique bien le logis de François Derré de Gand en 1639:

« François Derré, sieur de Gand, l’un des Cent-Associés et commis général de la compagnie, occupait une salle voisine de l’église paroissiale à Québec et avait en sa possession les papiers du greffe. » (J.E. Roy, 1899: 36)

Sa présence près de Notre-Dame de Recouvrance à Québec est également confirmée dans un acte du 29 mai 1644 pour une transaction faite par le notaire Guillaume Tronquet, secrétaire de M. de Montmagny.  Il s’agit de la minute numéro 11 touchant un acte de dépôt de la prise de possession par Jean Guion (ou Guyon) et Zacharie Cloutier des terres à eux concédées par Robert Giffard, seigneur de Beauport. (Dictionnaire du notariat québécois de Patrimoine Québec.                                                                                                       ( http://www.patrimoinequebec.ca/notariat/NOTAIRE13.php )

On y indique ceci:

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Source:  Rapport de l’Archiviste de la province de Québec, 1922-1923, Québec, Louis A. Proulx, p. 4

Suite à l’incendie de Notre-Dame de Recouvrance, François Derré de Gand loge modestement dans un petit local de la maison-chapelle des Cent-Associés où il meurt le 20 mai 1641. Il fût enterré dans la chapelle Champlain avec son ami Samuel de Champlain.

Logis de Guillaume Hébert

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Source: Plan de Jean Bourdon de 1660 (extrait).


On a une bonne idée de la localisation du logis de Guillaume Hébert (1614-1639).

Le 15 septembre 1634, on partage les biens de Louis Hébert avec son fils Guillaume et cet
inventaire mentionne une maison de 38 pieds par 19, déjà délabrée à la mort de son propriétaire Guillaume en 1639. Dans la greffe de Martial Piraube, en date du 12 novembre 1639, il y a un rapport et expertise sur cette maison par Charles Pelletier, charpentier et Jean Eger. Cette-ci est qualifiée d’inhabitable.  Après la mort de Guillaume Hébert, Guillaume Couillard l’a rachetée pour agrandir son emplacement avant de la céder à la Fabrique en 1652. A son arrivée en 1659, Mgr de Laval ne peut habiter cette maison occupée par le bedeau et loge plutôt dans la maison de Mme de la Peltrie (Provost, 1963: 789, Larouche, 2014: 111)

Maison de Marie Rollet et Guillaume Hubou

On suppose que la maison bâtie pour Louis Hébert en 1620 a été élevée en remplacement d’un logis existant ou qu’elle était un agrandissement de celui-ci.

Champlain relate que le 20 avril 1624

« un grand coup de vent enleva […] le pignon de la maison Hébert, qui estoit de pierre, que je lui fis rebastir : […] je fis raser le second étage, & la rendis logeable au mieux qu’il me fut possible, attendant l’occasion plus commode pour la mieux édifier ».

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Source:  Simoneau, Daniel, Les Hébert-Couillard à la lumière de l’archéologie, Cap-aux-Diamants, no. 128, Hiver 2017, p 24-26

Des vestiges trouvés dans le stationnement de la rue des Remparts ont été hypothétiquement associés à cette demeure construite, en tout ou en partie, en 1620. Ils étaient situés dans le même axe que la maison et la dépendance des Couillard.
Daniel Simoneau mentionne:

« Ce pourrait être la seconde maison de Louis-Hébert, surtout si la présence d’un pigeonnier était confirmée, car ces structures étaient réservées aux seigneurs, ce qu’il était. » (Simoneau, 2017: 25)

Résidence des Jésuites

Cette résidence aurait été érigée en 1635 pour servir de presbytère à l’église Notre-Dame de Recouvrance et de collège aux Jésuites (Campeau, 1972, p. 69). Une lettre de Mme d’Ailleboust à Mgr de Laval permet de situer cette maison dans l’espace qui sera occupé plus tard par le Gouverneur d’Ailleboust, appelé la « Réserve d’Ailleboust ».  Quadrilatère formé par les rues du Fort, Sainte-Anne, du Trésor et de Buade.

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Lettre de Mme d’Ailleboust à Mgr de Laval, sept 1661 concernant un terrain proche de l’église.

Source:  Archives du Séminaire de Québec, Fonds Faribault no. P. 29 /083B

Cette bâtisse est incendiée en juin 1640. Après l’incendie, tel que décrit par cette lettre, le collège trouve refuge dans la maison des Cent-Associés en attendant la construction du nouveau collège (Trudel, 1963, p. 423).   En 1651, on reconstruit probablement sur ces ruines, un pensionnat pour les élèves du Collège des Jésuites. (Campeau, 1972, p. 84).  En 1661, cette bâtisse en écorce, bien que vieillissante, sera encore utilisée par le maître de chapelle, Martin Boutet, (Provost, 1947, p. 181). Cette bâtisse occupée par Boutet est bien présente sur le plan de Bourdon de 1660. Elle a été longtemps confondue avec la chapelle Champlain (Pierre Baby-Casgrain, Ernest Myrand et Silvio Dumas).

Boulangerie

La localisation de la boulangerie s’appuie sur le terrier du Saint-Laurent de Marcel Trudel ainsi que d’après la maquette de Bergeron.

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Boulangerie sur la maquette de Michel Bergeron.
Détails de la maquette disponible sur le site du Comité des citoyens du Vieux-Québec.

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Plan de Marcel Trudel

Magasin de Noël Juchereau des Châtelets et logement des Ursulines

Arrivé en 1634, Noël Juchereau des Châtelets (1593-1648) est commis général au magasin des Cent-Associés. Il est fort impliqué dans le commerce des fourrures et il est responsable du magasin situé à la Basse-Ville un peu à l’est de la seconde habitation.  Les Ursulines, à leur arrivée le 1er août 1639, logent temporairement au-dessous du magasin des Cent-Associés. Mentionnons que leur arrivée a été quelque peu retardée par le mauvais temps. Ils ont dû trouver refuge le 31 juillet, dans une grotte située à l’île d’Orléans (Nadeau, 2021).

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Source: Archives du Musée de la civilisation. Récit par Charles Huault de Montmagny de ce qui s’est passé à l’arrivée des Ursulines venant du couvent de la ville de Tours, accompagnées de madame de la Peltrie.
en ligne: https://collections.mcq.org/objets/282603

Henri-Raymond Casgrain cite ce passage provenant d’une lettre de Marie de l’Incarnation:

« La maison qu’elles (les ursulines) occupaient en attendant la construction de leur monastère, était la propriété de M. Juchereau des Châtelets, et avait d’abord servi de magasin. C’était une minable masure, divisée en deux chambres, dont la plus grande, qui n’avait que seize pieds carrés, servait tout à la fois de Chœur, de parloir, de cellules, et de réfectoire, et dont l’autre était réservée pour les classes. Un petit appentis, contigu à la maison, fut construit pour y dresser la chapelle. L’enceinte du cloître était formée par une palissade en bois, qu’elles firent élever autour de l’habitation. Il est facile d’imaginer dans quel état de gêne et de malaise se trouvèrent ces pauvres institutrices, entassées les unes sur les autres avec leurs élèves, dans cette étroite chaumière.  Ce fut là cependant qu’elles habitèrent pendant plus de trois années, souffrant toutes les privations et toutes les incommodités, un froid excessif en hiver, une chaleur étouffante en été, respirant un air vicié dans ces appartements encombrés de petites sauvagesses d’une malpropreté dégoutante, et dont les vêtements exhalaient une infection insupportable. (Casgrain, 1864: 319) » voir aussi Le Moyne, 1863, p. 27.

Ce magasin des Cent-Associés avait une dimension de 80 pieds sur 24 et servait à entreposer des fourrures (Trudel, 1971: 5). Les Ursulines n’occupaient en fait, que le dessous de la bâtisse. Les ursulines appelaient ce logement « leur Louvre ».  Elles y vécurent à la basse ville du premier août 1639 au 21 novembre 1642. (Pierre-Georges Roy, 1930: 163)

Après certaines irrégularités de la gestion de Noël Juchereau, la Compagnie des Habitants devient propriétaire en 1645 de ce magasin que l’on appellera désormais le magasin neuf. Suite à la prise en main de la colonie par le roi en 1663, ce magasin sera cédé à Jean Juchereau de la Ferté (1621-1685) et Nicolas Juchereau de St-Denis (1627-1692) et de François Byssot de la Rivière (1612-1673), tous marchands de fourrures. Par la suite au mois d’août 1667, Jean Talon s’en portera acquéreur.

Finalement, Jean Lesueur de Saint-Sauveur aide les Ursulines à s’installer dans la concession obtenue par Jean de Beauvais le 28 mars 1637 à la Haute-Ville de Québec (Oury, 1999: 137).

Chapelle Champlain

Localisation probable de la chapelle Champlain au nord-est de la Réserve d’Ailleboust (Lavoie, 1999, Figure 5). Entre la Réserve et la chapelle, il y a un chemin qui court sud sud-est (Archives du séminaire du Québec. Fonds Faribault, no. P. 29/083A). C’est l’alignement qu’avait alors la rue du Fort avant son redressement entre 1670 et 1673. Il y a une probabilité que la chapelle se trouverait un peu plus vers l’ouest, conformément aux techniques de description des titres par le notaire Audouart. A ce sujet, cet ouvrage : https://pierredubeaublog.wordpress.com/champlain-meconnu/

Annexe A

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Bibliographie

ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC, Rapport et expertise de Charles Pelletier, charpentier et Jean Eger, maçon sur la maison de Guillaume Hébert. Greffe de Martial Piraube, 12 novembre 1639

ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC. Estimation par Michel Leneuf du Hérisson et Jean Guyon de la maison de Noël Morin, située proche de l’église que l’on bâtit à Québec, suivant l’ordonnance du Conseil de Québec; Chavigny et Giffard, commissaires sont députés à cette fin. – 9 septembre 1648
en ligne:  Archives nationale du Québec, Cote : TL5,D25

Contrat de vente par Jean Juchereau, sieur de la Ferté (LaFerté), Nicolas Juchereau de Saint-Denis et François Bissot, sieur de la Rivière (LaRivière), à Maître Jean Talon, conseiller du Roi et intendant en la Nouvelle-France, d’un emplacement et d’un vieux bâtiment sis à la place vulgairement appelée le magasin neuf en la Basse-Ville de Québec (place Royale) (Notaire Gilles Rageot). – 8 août 1667
Anq. cote: E1,S4,SS1,D337,P1

ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC. Fonds Faribault, no. P. 29 /083B
Lettre de Mme d’Ailleboust à Mgr de Laval, 16 sept 1661.
https://collections.mcq.org/objets/282668

Acte de concession par la Compagnie de la Nouvelle-France à madame de Combalet, duchesse d’Éguillon (Aiguillon), pour les religieuses hospitalières, d’une étendue de terres d’une lieue de largeur à prendre le long du fleuve Saint-Laurent sur dix lieues de profondeur dans les terres au-dessus et au-dessous de Québec en lieux non encore concédés et près des concessions déjà faites, le tout devant être borné et désigné par monseigneur de Montmagny, gouverneur de Québec, laquelle concession étant faite afin que lesdites Dames Religieuses puissent faire bâtir et construire un couvent en Nouvelle-France pour y retirer et panser les malades, soit français, soit sauvages (amérindiens) . – 1er décembre 1637.
En ligne: http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=20190907202630393046&p_centre=03Q&p_classe=E&p_fonds=1&p_numunide=817076

Concession par la Compagnie de la Nouvelle-France au sieur Jean de Beauvais, commissaire de la marine, d’un emplacement le long du fleuve Saint-Laurent pour y bâtir une église pour les religieuses ursulines. – 28 mars 1637
en ligne: pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=20190907202630393046&p_centre=03Q&p_classe=E&p_fonds=1&p_numunide=826961

ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC. Fonds Faribault, no. P. 29 /083A
Concession d’Ailleboust, février 1649.
En ligne: https://collections.mcq.org/objets/282667

BACK, Francis. 1997. Un pionnier en 1639, Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 51, 1997, p. 51.

BARBEAU, Marius. 1946. Notre-Dame-de-Recouvrance, Fides, 5p.

BENNETT, Ethel M.G.  Hélène Desportes : Dictionnaire biographique du Canada
En ligne: http://www.biographi.ca/fr/bio/desportes_helene_1E.html

BERNATCHEZ, G. 1989. Soulager le corps et sauver l’âme : les Augustines de Québec (1639-1989), Cap-aux-Diamants, 4 (4), 41–43.
En ligne: https://www.erudit.org/fr/revues/cd/1989-v4-n4-cd1041073/7343ac/

CAMPEAU, Lucien. 1972. La première mission des Jésuites en Nouvelle-France (1611-1613) et Les commencements du Collège de Québec (1626-1670), Montréal, Éditions Bellarmin, p. 69.

CASGRAIN, Henri-Raymond.1864. Histoire de la mère Marie de l’Incarnation première supérieure des Ursulines de la Nouvelle France: précédée d’une esquisse sur l’histoire religieuse des premiers temps de cette colonie, Québec, Desbarats,  317-318
En ligne: https://books.google.ca/books?id=9YmNg3ZK4YwC&pg=PA316

CASGRAIN, Henri-Raymond.1878. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, Québec, Léger Brousseau, p. 80.
En ligne: https://archive.org/details/histoiredelhotel00casg/page/6

CATALOGUE DES BIENFAITEURS DE NOTRE-DAME DE RECOUVRANCE DE QUÉBEC  – 5 juillet 1632-1657.

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Marc Blanchet dit :

    Bravo Pierre pour toutes ces recherchée .

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